Nécrologie : qui était Modeste M’Bami ?

Ce samedi 7 janvier 2023, Modeste M’bami, l’ancien milieu de terrain des Lions indomptables est mort à la suite d’un arrêt cardiaque (source familiale).

Le football camerounais est de nouveau en deuil. Modeste M’bami, champion olympique 2000, est mort ce samedi matin au Havre, en France, des suites d’un arrêt cardiaque, annoncent plusieurs sources. Le joueur formé à Jeunesse Star s’éteint à l’âge de 40 ans. Si l’on devait retenir une seule image de ce discret footballeur très talentueux, c’est son but (mort subite) inscrit en quart de finale des JO 2000, face au Brésil.

Modeste M’bami, c’est l’histoire d’un enfant issu d’un des quartiers les plus malfamés de Yaoundé : Elig-Edjoa. Passer de l’Olympique de Marseille au Paris-Saint-Germain ou inversement, peu de joueurs s’y sont aventurés dans leur carrière professionnelle. Dans ce cercle fermé, on retrouve l’ancien international camerounais, Modeste M’bami. L’ancien milieu relayeur fait partie d’une des générations les plus talentueuses du football camerounais. Avec plus de 200 matches disputés en Ligue 1, symbole d’une belle constance, le Lion Indomptable a raccroché les crampons en 2016, au Havre, où il résidait depuis  la fin de sa carrière.

Enfance difficile

Né d’une famille très modeste à Yaoundé, Modeste M’bami a grandi dans les rues de la capitale. C’est là qu’il fait la découverte du ballon rond avant d’intégrer tour à tour Jeunesse Star de Yaoundé, Kadji Sport académie et  Dynamo Douala. De ses débuts encourageants au pays, la « Penta » part jouer aux Emirat Arabes-Unis, avant de migrer à Sedan lors de la saison 2000/2001. Après son passage à Sedan, il débarque dans la capitale française.

Sous la tutelle de Vahid Halilohdzic, Modeste ne tarde pas à se faire une place dans l’entrejeu des Parisiens. S’en suit malheureusement une grave blessure qui l’a tenu éloigné des pelouses pendant l’essentiel de la saison 2003-2004. Au bout de six mois de galère, il revient peu à peu à la compétition lors de la saison 2005-2006. Cependant, M’bami peine à entrevoir le bout du tunnel malgré une place de titulaire retrouvée.

Non retenu par le PSG et après d’âpres négociations, le médaillé d’or olympique prend la direction du club rival en 2006. Ironie du sort, son premier match sous le maillot phocéen intervient contre son ancien club, le PSG dans le cadre du « Clasico » français. Sa première saison dans la Canebière est correcte mais il doit se contenter d’un rôle de doublure de luxe de Lorik Cana. Après une adaptation délicate, il arrive enfin à décoller sous la houlette du mythique Eric Gerets.

Il devient un des hommes de base de l’équipe phocéenne. Néanmoins, son expérience marseillaise connaît des hauts et des bas au point de se terminer en 2008/2009. Le joueur n’entrant pas dans les plans de Didier Deschamps. Puis Modeste a bourlingué un peu partout. Après une expérience non concluante à Almeria, des piges dans des destinations exotiques et un retour en France, il met un terme à sa carrière au Havre FC en 2014.

Refus du poste de Team Manager

Concernant sa carrière internationale, il a joué dans toutes catégories jeunes, disputant notamment deux Can junior (1999 et 2001). Avec les seniors, il a enregistré 38 sélections avec l’équipe fanion du Cameroun, pour trois buts à la clé. Le plus emblématique étant, celui face Brésil de Ronaldinho en quart de finale des JO 2000. M’bami est également finaliste de la Coupe des Confédérations 2003, perdue contre la France. En 2008, il passe tout près de décrocher le trophée continental mais plie avec sa sélection contre l’Égypte de Mohamed Aboutrika en finale de la CAN, au Ghana.

Rare dans le paysage médiatique depuis sa retraite sportive, Modeste M’ami a été sollicité pour le poste de Team Manager des Lions Indomptables. Une offre qu’il a déclinée non sans fustiger les conditions de travail au sein de la fédération. «Vu le fait que certains anciens footballeurs ont bien avant moi été nommés et ont toujours subi les humiliations dans l’exercice de leurs fonctions, ce qui a toujours conduit à leur limogeage sans façons. Au vu de tout ce qui précède, je tire aisément la conclusion que le changement d’homme à ces différents postes n’est pas la vraie solution au fléau qui mine notre football en général et nos équipes nationales en particulier. Je décline l’offre de ma nomination au poste de Team manager », avait-il lâché.

Emile Zola

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