• Eric Elouga: « ce que les Canal d’Or doivent améliorer »

    Auteur : Marie Claude | 30 octobre 2023 | 1 559 vues

Le Rédacteur en chef des magazines de la Société de Presse et d’Editions du Cameroun (SOPECAM), s’est exprimé sur la cérémonie des Canal d’Or 2023 qui a eu lieu ce 28 octobre à Yaoundé. Entre analyse des travaux  sur la culture et propositions d’amélioration, voici son texte.

« Si l’on passe outre les couacs techniques, toujours difficiles à juguler dans une organisation de cette envergure avec les aléas du direct, et le sempiternel problème de longueur qui aura desservi les audiences à partir d’une certaine heure au profit de l’autre grand événement de la soirée, les CANAL2OR acte 14 ont offert un moment de qualité dans l’ensemble. Le décorum, le glamour du red carpet, la qualité de l’ouverture avec un thème inspiré et globalement respecté, des prestations scéniques solides et, mon petit coup de coeur, une Aimé-Cathy Moukouri excellente à la présentation quand le micro ne la lâchait pas, au point de supplanter la « légende » Pascal Pierre. Mon principal regret sur la forme, une ambiance un peu trop « sage » entre une scène qui n’a pas déployé suffisamment de pyrotechnique et d’effets spéciaux pour nous en mettre plein la vue, et le public (il est vrai constitué en majorité de personnalités d’un certain rang) qui n’a suivi que très timidement les artistes dans leur volonté de mettre le feu. Mais bon, la sobriété a parfois aussi du bon.
S’agissant des récompenses, honnêtement il n’y a aucun gros scandale. C’est la nature même de ce type de cérémonies que d’avoir des choix discutables, questionnés ou contestés. Mais dans ce cas précis, même les lauréats qui ne font pas l’unanimité, on peut au moins comprendre les raisons de leur désignation. Et pour beaucoup, tout le monde s’accordera à reconnaître qu’ils méritent. Pour autant, il m’est difficile de considérer cet acte 14 malgré ses améliorations sur l’édition précédente, comme une masterclass. Et je pense que l’organisation gagnerait à faire des réajustements dans son dispositif sur certains points.
– HARMONISER LES NOMINATIONS PAR CATÉGORIE : le fait d’avoir 4 nominés sur certaines catégories, puis 7 dans une autre, 6 ici, 10 là-bas (et je crois même 12 sur l’une d’elles) n’aide pas à créer une cohérence d’ensemble, sans compter l’impact que ça a sur la durée du show. Une cérémonie de récompenses, ce n’est pas l’école des fans, où il faut faire plaisir à la majorité en allongeant inutilement la liste des nominés pour ne pas braquer les fan-bases. Il y aura toujours des gens pour se demander pourquoi untel n’a pas été nominé même avec 20 nominés, et à l’inverse plus il ya de nominés et plus on augmente la probabilité de contestation du choix du lauréat. Qu’importe qu’un domaine soit particulièrement prolifique, un travail de sélection rigoureux peut toujours permettre d’écremer suffisamment pour proposer les 4 ou 5 qui se détachent, vu que de toute façon à la fin il faudra bien n’en choisir qu’un.
SYNTHETISER LES CATÉGORIES : les féministes les plus engagées savent que le vrai progrès n’est pas de tout féminiser, mais parfois de mettre l’homme et la femme sur le même podium. Si pour certaines catégories le fait de récompenser hommes et femmes séparément fait sens, les catégories mineures comme webcomediens ou digital pouvaient être faites en mixte pour épurer et écourter la cérémonie.
– PRIX SPÉCIAL : ce qui rend un prix SPÉCIAL, c’est précisément son caractère UNIQUE. Les Césars ou les Oscars d’honneur consacrent généralement une seule personnalité par édition. Là encore, Canal d’or 14 l’a joué école des fans, tout le monde il est beau et génial. Six ou sept personnes qui reçoivent le même prix, ce dernier n’a plus rien de spécial.
– BRIEFER LES LAURÉATS : une cérémonie de cette envergure, suivie à l’international avec des personnalités de premier plan dans la salle, doit éviter le spectacle un peu villageois de lauréats qui débarquent sur scène avec pères, cousins, ou toute la Cliqua de leur quartier d’origine. Ça reste des récompenses professionnelles. On peut venir sur scène avec ceux qui ont contribué à la réussite professionnelle comme son manager, et rendre hommage à ses proches dans le discours, ou leur faire un clin d’œil sympathique de là où ils se trouvent….en tribunes. On n’a pas besoin de leur donner la parole sur une telle estrade, même si c’est pour prouver à quel point on les aime.
– FAIRE DES CHOIX CLAIRS ET LES EXPLIQUER: est-ce le public à qui on a donné la possibilité de voter depuis deux mois qui a conduit aux résultats du soir ? Ou alors les fameux membres du jury présentés au début du programme ? Cette question n’a jamais été complètement tranchée et souvent à l’origine des choix les plus contestés des canal d’or. Personnellement je n’ai jamais été fan du recours au public qui consacre la popularité plus que la qualité. Et qui pour certaines catégories biaiserait même le résultat en defavorisant des productions de qualité mais qui n’ont pas bien été distribuées. Mais si telle est l’option de l’organisation, on doit indiquer les catégories où cela s’applique et au besoin révéler les comptes des votes. Pareil pour le corpus pris en compte. Depuis que l’événement se déroule tous les deux ans, cette dimension n’a jamais été très claire. Juge-t-on les performances de 2023? De 2022? De 2022 et 2023? Savoir la période d’évaluation est également important pour mieux comprendre les choix à la fois des nominés et des lauréats.
Quoiqu’il en soit, un grand bravo au comité d’organisation à la fois pour la qualité intrinsèque de cette édition et pour la constance depuis près de 20 ans à faire vivre cet événement qui est un défi logistique immense. On espère que 2025 sera meilleur encore. ».

Marie Claude
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